Les codes de la prière Helléniste

Qu’est-ce que la prière ? 

Comment prier ? 
Quelle immense question.

Comment prier ?

Est-ce qu’une réponse existe seulement ? Je ne pense pas.

En tant que question ouverte, si grande, si importante et si simple à la fois, une multitude de réponses, ou de pistes existent. Si je devais répondre simplement à cette question en une phrase, je dirais sûrement : “Avec le cœur”.
Il existe énormément de façons de prier, en fonction des religions, des courants, des époques, des endroits, des familles, tous ces critères sont à prendre en compte. Avant de vous parler de comment peut-on prier, comment la prière s’inscrit dans ma pratique, j’aimerais tenter de la définir avec vous.

Selon le Larousse la prière signifie : S’adresser à Dieu, à un être surnaturel pour l’adorer, l’honorer, le supplier, lui demander quelque chose.
Il s’agit donc de communiquer, de s’adresser à quelqu’un ou à quelque chose, ici un être surnaturel pour l’honorer ou demander la réalisation d’un souhait.
Au-delà de la demande, on retrouve à mon sens une grande idée de connexion au divin. La prière rapproche des Dieux, elle vibre haut, nous aide à “communiquer” avec eux et à vivre sa foi. Prier c’est souvent mettre des mots sur nous, notre entourage nos besoin.
Prier, c’est entrer au cœur du sacré. Une harmonia harmonie avec les Dieux et Déesses. Un moment suspendu, en dehors du temps où notre cœur peut s’exprimer librement.

S’il n’existe pas une unique manière de prier, il existe des codes qu’il est bon de connaître, par respect de l’histoire des religions sur lesquelles vous prenez appui mais aussi pour mieux sentir ce qui vous correspond, car s’il y a bien une chose qui est primordiale à mon sens, c’est la portée personnelle de la prière.
Non pas que les prières de groupe ne soient pas choses courantes, mais une harmonie avec les Dieux, les Déesses et les cœurs est profonde, c’est quelque chose qui se passe en vous. S’il y a bien un moment qui vous appartient totalement, où personne ne devrait vous déranger, c’est celui-ci, car la notion de “sacré” entre en jeu.

Il me tenait à cœur de vous parler de la prière, notamment au travers des codes de l’hellénisme antique ainsi que de l’hellénisme moderne. Plusieurs points sont assez importants, de la gestuelle à la parole en passant par la manière de les faire et la fréquence, sans malheureusement être exhaustif (il s’agit d’un article, pas d’un bouquin de trois cent pages ahah) pour autant nous tâcherons d’en lister quelques-uns afin de vous dégager des pistes de réflexion. 

La prière en grec s’appelle l’eukhé et s’écrit s’écrit εὐχή . Au-delà de la signification décrite plus haut, l’eukhé est très souvent une demande, ou un poème pour honorer les dieux. Il est important de préciser que la demande peut aussi bien être positive que négative. La conception du bien et du mal est particulière dans notre culture, l’imprécation n’est pas un mal, la réciprocité et l’équilibre sont des notions essentielles. Si cela vous intéresse je tâcherai d’en faire un article à part entière.
Aussi aucune fréquence de prière n’est imposée, une fois par mois, par semaine, par jour, peu importe, c’est quelque chose qui se ressent . Là où les choses sont un peu différentes c’est pour chaque grande célébrations de l’année (si vous les fêtez naturellement) où les prières sont bien plus recommandées et à adresser aux divinités dont c’est la fête.
Aussi elles sont très vivement conseillées (presque obligatoires) avant chaque rituel, il s’agit de respect envers les Déesses et les Dieux qui sont invoqués pendant les rituels en question.


La première chose sur laquelle j’aimerais porter votre attention s’appelle le miasme.
Nous pourrions faire un article entier à ce sujet tant ce concept est important au sein de l’hellénisme mais contentons-nous aujourd’hui de le définir comme une sorte de crasse spirituelle et énergétique. Cette saleté s’accumule simplement par notre condition d’Homme, le miasme nous recouvre et nous rends “sales”, imprésentable devant les Divinités. Dans l’hellénisme, il est nécessaire d’être au plus pur pour oser se présenter devant les Dieux et Déesses, c’est dans cette idée que le premier acte nécessaire avant chaque prière est la purification.

Il n’est nullement nécessaire d’enfumer sa maisonnette à coup de bâtons de fumigation géant avant chaque prière, la purification ici passe par un lavage des mains en bonne et due forme avec de l’eau lustrale.
L’eau lustrale qui signifie “eau de purification” est une eau consacrée uniquement dans ce but. Il existe beaucoup de façons de fabriquer une eau lustrale mais ce n’est pas l’important ici.
On commence donc toujours une prière par un lavage des mains à l’eau claire et consacrée, c’est très important.


Après la purification, la deuxième chose à laquelle il faut réfléchir, c’est votre posture. Dans certaines religions, cela importe peu, dans d’autres une posture est recommandée (la tête contre le sol, à genou, debout main sur le cœur etc).
Dans l’hellénisme, plusieurs postures existent et celles dont je vais vous parler dont toutes la distinction entre deux catégories de Divinités : Les Ouraniennes et les Chtoniennes.
Si ces concepts ne vous sont pas familiers rassurez-vous, ils sont très simples.
Les Dieux et Déesses Ouraniennes du grec Ouranos Οὐρανός qui signifie la voûte céleste (d’ailleurs nom du Dieu personnifié) sont les divinités célestes qui règnent depuis les cieux. Elles sont aussi appelées déesses célestes ou dieux aériens.
Les Déesses et Dieux chtoniens du grec khthốn χθών qui signifie la terre sont les divinités qui règne depuis la terre, ou sous la terre (comme les enfers par exemple).
Ils sont aussi appelées dieux infernaux ou dieux telluriques.
Ainsi, en fonction de si vous vous adressez à une divinité Ouranienne ou Chtonienne, la posture à prendre n’est pas la même.

Dans certains écrits, on tâche de se rapprocher le plus possible de la divinité que l’on invoque, on reste donc debout, tête vers le ciel pour les divinités Ouraniennes, et l’on prie à genoux tête vers le sol pour les divinités chtoniennes. La prière à genoux est parfois vue comme quelque chose de trop superstitieux, ainsi certains se contentent de regarder vers le sol et de ne pas lever les mains, voire de taper sur le sol
Lever les mains paumes vers les cieux est la façon de prier la plus répandue. Debout, les deux mains en l’air, le visage face au cieux. Il est également possible de réserver la mains droite pour les Divinités du ciel, et la gauche pour celles de la terre

Parmi toutes ces postures, tâchez d’appliquer celles qui vous mettent le plus à l’aise.
Nous passons donc au dernier point, le plus important sans doute : le cœur de la prière. 
Contrairement à de nombreuses autres religions et traditions, la prière helléniste n’est presque jamais silencieuse (très rares exceptions lorsqu’elle est adressée à des divinités particulières).
La force de la voix est très importante, et il convient de la faire entendre lorsque l’on s’adresse aux Divinités.
Mais comment s’adresser à eux ?

La “structure” d’une prière, si on veut la simplifier au maximum, comporte trois temps.
Le premier est l’appel, l’invocation. Dans la majorité des cas, il est nécessaire de demander l’attention de la divinité, en commençant par un “Viens à moi” “Entends moi ô “…”, Puisse-tu entendre ma prière“ Puis, il vous faut nommer la divinité que vous invoquez avec ce que l’on appelle un Tricolon. Ce n’est pas obligatoire, mais très récurrent, je l’applique personnellement à chaque fois. Le Tricolon représente la règle de trois, parler de trois nom, trois aspect de la divinité pour lui donner de la puissance, de l’importance. Il est possible de l’appeler par son nom (ou ceux d’épithètes) de désigner son domaine de prédilections et terminer par l’un de ses attribues par exemple :

“J’en appelle à ta générosité grande et douce Hestia, Déesse gardienne du feu sacré, Hestia chaste et pure”

Il ne s’agit que d’un exemple, mais ici je mentionne son nom, son domaine symbolique, ses valeurs.
Après l’invocation, le cœur de la demande. Celle-ci vous est propre. Qu’il s’agisse de bénédictions ou d’imprécation, cela importe peu tant que le choix de divinité est pertinent.
La dernière étape est de remercier la divinité, de vous avoir écouté et de potentiellement vous exaucer. Il peut aussi s’agir d’un temps pour présenter l’offrande que vous lui faites accompagnée de la prière si vous désirez en faire une.


Il existe des étapes intermédiaires comme “la preuve” plus spécifique et compliquée à mettre en place, mais elle n’est absolument pas nécessaire, surtout si vous êtes au début de votre aventure avec les Divinités. 


N’oubliez pas de choisir avec soin la divinité à qui vous vous adressez. Avez-vous une divinité tutélaire ? Une divinité qui protège votre famille ? Ou votre demande s’applique-t-elle à un domaine particulier pour lequel une divinité est toute désignée, comme Hypnos pour le sommeil par exemple ? Même si les prières peuvent être spontanées, je vous conseille de prendre le temps de la réflexion pour répondre à ces questions.
Entre la fréquence, la purification, la posture et les formules ou structures des prières, il n’existe à mon sens pas “une seule bonne façon de prier”. Tâchez d’être respectueux, de parler avec votre cœur, et de faire des recherches si vous vous intéressez à ce courant en particulier. Je vous laisse en fin d’article quelques liens pour approfondir vos recherches. Je publierai assez régulièrement plusieurs prières pour honorer ou vénérer les Divinités de tout le Panthéon, sans me contenter des Olympiennes.
En espérant que cet article puisse vous aider si vous cherchez à prier avec les codes hellénistes.

Joyeuse séparation, soyez bénis.

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