Alternatives et réflexions pour une pratique responsable

“Tout ce dont tu as besoin est à portée de main” il s’agit d’une phrase que mon sage papa me répète régulièrement. Depuis l’enfance, il s’agit de quelque chose que j’observe, notamment dans la nature. “Regarde, quand tu marches sur des picots (orties), ouvre bien l’œil, il y a sûrement cette plante pas loin(plantain). Prends là, plie là en quatre et frotte la sur les plaques. La sève va calmer la douleur”.
Je ne remercie jamais assez mon père pour m’avoir appris la débrouillardise. Même sans connaître les noms de ces plantes, la sagesse de cette maxime est indéniable. Elle me guide encore aujourd’hui et je la trouve particulièrement utile dans ma pratique spirituelle.
Pourquoi chercher des ingrédients et outils qui viennent de l’autre bout du monde pour pratiquer ? C’est toujours quelque chose qui me dépasse.

Autant, je le conçois, certaines traditions, certains rituels exigent quelques plantes ou outils pointus et spécifiques mais il ne s’agit là que d’une très petite partie des rituels.
Chaque pratique est différente, chaque sorcier et chaque sorcière détient ses propres valeurs et son éthique personnelle. Il va de soi qu’avec les énergies avec lesquelles nous travaillons, et avec le rapport que nous entretenons à la nature, nous tâchons tous et toutes de prendre soin de la terre.
Sans imposer quoi que ce soit à qui que ce soit, je pense qu’il est bon de réfléchir à comment réduire l’impact que nous avons sur notre environnement, l’idée étant de vivre en harmonie avec ce qui nous entoure. 

Cela vaut pour nos outils, nos plantes, nos pierres, notre papier, tout ce qui pourrait nous servir au sein de la pratique. Il ne s’agit pas pour autant de partir dans les extrêmes et d’imposer ses convictions à d’autres, mais ici bien de proposer quelques pistes de pratiques alternatives, des suggestions plus responsables. Pour cela je me baserai sur ma pratique, ce que j’utilise personnellement, en espérant que cela puisse vous inspirer ou vous faire réfléchir.

J’ai parfois l’impression que l’esthétique prend un peu trop de place. Je pense faire un article à part entière à ce sujet, car il y a beaucoup à dire, mais ce qui est beau, de se construire une ambiance ne devrait jamais prendre le dessus sur une pratique sincère.
Le principal, c’est le cœur, les recherches qu’on investit.
La pratique de la sorcellerie et du paganisme sont deux voies qui nécessitent du temps, et de l’énergie.
Cette obsession du beau et du rapide, font que beaucoup aujourd’hui achètent sans réfléchir. Non seulement acheter n’est pas nécessaire, mais en plus vous gagnerez toujours à voir si vous ne pouvez pas faire ça autrement.

Beaucoup de néophytes sont influençables, et achètent de la sauge blanche parce que tout le monde en achète, ce que je trouve très dommageable, mais on reparlera des plantes et des pierres un peu plus loin.
Être responsable au sein de sa pratique, c’est possiblement passer par la création et fabrication de ses propres outils lorsque c’est réalisable. En plus de passer du temps à créer en pleine conscience, fabriquer soi-même apporte beaucoup de bonnes choses.

Premièrement, le coût.
Les boutiques pour vivre doivent se faire une marge, et les produits coûtent donc plus cher que lorsque vous les réalisez vous même, car vous retirez le coût de la main d’œuvre, de l’export, de la vente et j’en passe. Il ne vous reste qu’à acheter la matière première, regarder quelques tutos sur internet (qui est une véritable mine d’or) et construire ce dont vous avez besoin. Non seulement cela développera vos compétences (c’est toujours agréable) mais en plus vous pouvez personnaliser vos créations

Deuxièmement, la personnalisation.
En fonction de la difficulté de création de l’objet bien sûr, vous pouvez vous rapprocher au mieux de vos goûts et de vos besoins. Vous aviez besoin d’une bougie spécifique pour un rituel avec des plantes déjà bien définies, un sighil, et de nombreux autres petits détails ? Eh bien en la créant vous contrôlez tous ces détails. Bien sûr, je ne vous demande pas de couler le métal en fusion de votre propre cloche rituelle (quoi que ?!), mais pour des objets accessibles c’est toujours un plus de pouvoir lui donner la forme et l’aspect précis que vous vouliez.

Troisièmement : La magie, l’énergie.

Rien de tel que de créer un objet soi-même, avec ses petites mains pour insuffler son énergie dans son processus de création. L’efficacité et la résonance que vous entretiendrez avec votre outils sera d’autant plus forte que vous aurez fabriqué, créé en pleine conscience, je trouve ça très fort symboliquement.
Créer un outil, fabriquer quelque chose en choisissant une phase de lune particulière, une chanson, en le chargeant ou tout ça à la fois renforcera le lien que vous entretenez avec.
“Tout à plus de valeur lorsque tu as travaillé et sué pour l’obtenir.” Décidément très sage ce papa ahah.

 

Dès que j’en ai la possibilité, je crée. Des oracles, des décorations, des couronnes de fleurs, des bougies, des plats à offrandes, des supports, dès que je peux, je m’y essaye. Je suis toujours fière de voir une création terminée. J’ai aussi l’impression de passer plus de temps à pratiquer que lorsque l’on achète en deux clics quelque chose sur internet.
J’aime créer mes encens, mes bâtons de fumigations, même mon propre papier parchemins pour mes rituels !
Cela ne veut pas dire que je n’achète rien pour autant, parfois c’est plus pratique.
Nous ne pouvons pas être doué pour tout, pour certaines choses il faut un matériel monstre, beaucoup plus de temps, mais il est bon aussi de faire vivre nos voisins et artisans. Garder en tête qu’il est possible de fabriquer par soi même et une très bonne chose, surtout de nos jours où l’on veut tout, tout de suite et sans efforts.
La sorcellerie prend du temps, c’est une façon de prendre ce temps que de faire les choses soi-même.

Au-delà de la création, nous avons aussi souvent besoin d’ingrédients, de bases pour notre pratique.
Je pense notamment aux plantes et aux pierres. 

Je ne peux aborder cet aspect de la pratique responsable sans parler de ce qui fait débat de nos jours (et c’est tant mieux !) la Sauge Blanche et le Palo-Santo.
Je pourrais en citer bien plus, mais ces deux exemples sont tout de même ceux que l’on voit partout et dont on entend le plus parler.
Utilisées par beaucoup de débutants, l’on accorde à ces plantes nombre de vertus.
Ces personnes ne savent souvent pas ce qui en découle, le désastre écologique et éthique que cela représente.

La Sauge Blanche et le Palo-Santo sont des plantes sacrées qui nous viennent d’ailleurs.
Sacrées dans certaines tribus et cultures autours du monde, elles ne devraient pas être utilisées par tous. Sans insister à ce sujet, car je ne suis pas plus légitime qu’une autre pour en parler, il s’agit d’un grand manque de respect envers ces cultures, ces peuples décimés, que de leur prendre ces traditions de pratiques fermées (qui nécessite une initiation particulière). L’on dépossède grandement cet aspect sacré en s’appropriant ces plantes à tort.
Le Palo-Santo par exemple, provient d’un arbre, mais il est sacré lorsqu’il est récolté par des chamans sur un arbre mort naturellement (ce qui prend, vous vous en doutez, un temps considérable). Ce n’est pas du tout le cas aujourd’hui au vu de la popularité de cet ingrédient, qui nécessite une surproduction et devient de ce fait en plus d’une plante inutilisable, un désastre écologique (production, transport, etc).

“Tout ce dont tu as besoin est à portée de main”
Cela vaut aussi pour les plantes.
Ma pratique s’apparente beaucoup à ce qu’on appelle la sorcellerie des campagnes. La plupart du temps, des “remèdes de grand-mère” simple, fait avec les moyens du bord.
Je ne comprends pas pourquoi beaucoup s’obstinent à utiliser ces plantes, alors que nous avons tout ce qu’il nous faut pour pratiquer en harmonie avec notre environnement.
Tout est autour de nous, nous avons aussi de très bonnes plantes de purification, de protection, tout autour de nous.

J’aimerais là encore m’éterniser sur pourquoi est-il bon de pratiquer avec des choses qui viennent de nos propres terres ? Une pratique ancrée sur notre territoire, avec l’histoire et l’énergie de nos régions, mais là encore il me faudrait un article complet pour en parler.
Si la sauge vous tient à cœur, essayez la sauge officinale, efficace et bien plus éthiquement responsable. Le thym, le romarin, le thuya, ou même des plantes très méconnues ! Tout est possible, tant que vous prenez un minimum de précautions ! (Travailler avec les plantes ne devrait jamais être fait au hasard, certaines sont toxiques en fumigation ou autre par exemple, soyez donc prudents.)

Pour les plantes, il est d’ailleurs d’autant plus intéressant qu’il est possible de les récolter en nature, ou de les faire pousser soi-même.
Bon, très personnellement, j’ai des chats, et une main de toutes les couleurs sauf verte. (Oui le chat mange ma petite ciboulette, il s’en fiche du temps et des efforts que j’y met…) En soit, je récolte donc tout ce dont j’ai besoin en nature.
Pour remercier, j’apporte toujours une offrandes aux entités du coin, “je prends donc je donne”.
Aussi, il est important de ne pas prélever plus que ce dont vous avez besoin, mais aussi plus que ce que la nature peut produire. Ainsi, lorsque j’ai besoin de jonc par exemple, je cherche des zones où il pousse en abondance, et je laisse les petits tas tranquille, afin de ne pas modifier de trop le lieu, il s’agit de respect envers la nature qui met du temps à faire pousser tout cela. (Et les Dieux seuls savent à quel point je trouve ça impressionnant, incapable de faire pousser et de tenir en vie la moindre plante ahah)

Mais ce dont je tenais absolument à vous parler aujourd’hui, c’est les pierres.
Je vais tâcher de ne pas ajouter plus de pages à cet article déjà trop long, mais les pierres ou souvent les “cristaux” sont des éléments de pratique que l’on retrouve chez presque tous les pratiquants. Je comprends parfaitement, c’est efficace, très joli, beaucoup commencent même avec la lithothérapie “en douceur”.

Moi, je n’apprécie pas plus que ça de travailler avec des pierres qui viennent de loin. J’en possède trois. Une géode d’améthyste, de l’amazonite, et un peu d’ambre. Toujours dans cette optique de travailler de façon plus responsable et respectueuse, j’ai choisi de pratiquer avec ce que l’on pourrait communément appeler “des cailloux”.
Peut être que j’ai gardé mon âme d’enfant, mais j’adore toujours autant ramener des cailloux moi-même.

Il est tout à fait possible de pratiquer avec, même s’il ne s’agit pas de pierres précieuses, elles sont emplies d’énergies.
Mon père, grand passionné d’escalade (et qui disparaît tous les weekend pour grimper en falaise) me ramène souvent un petit cailloux de ses voyages.
Rond, anguleux, rugueux, doux, colorés, brillants, troués, grands, petits, peu importe leurs aspects, en analysant son énergie et ses caractéristiques, il est possible de travailler avec eux.

C’est d’autant plus important pour moi que lorsqu’ils proviennent de différents endroits du monde. Des galets de bretagnes, des pierres plates et rouges du maroc, entre l’eau et le feu, les “cailloux” sans prétentions sont d’une grande aide au sein de ma pratique, ils sont très riches, de pouvoirs, de souvenirs, de possibilités…
C’est peut être très enfantin, mais il y a toute une dimension particulière que je ressens par la fierté et la chance d’en croiser et d’en trouver une soi-même sur son chemin.

Que ce soit par les pierres, par les plantes, ou les outils, vous gagnerez beaucoup à prendre le temps de la réflexion : En avez-vous besoin ? Par quoi cette plante venue de loin serait remplaçable ? Comment pouvez-vous fabriquer telle ou telle chose ? 
Souvenez-vous : “Tout ce dont vous avez besoin est à portée de main”

Je me permet de vous laisser quelques références pour explorer la nature proche de chez vous, comme le site http://infoterre.brgm.fr/viewerlite/MainTileForward.do pour voir de quoi pourrait être composé votre sol, ou encore l’application « plant.net » pour construire votre propre herbier avec ce que vous avez à proximité !

Joyeuse séparation, et à bientôt !

3 thoughts on “Alternatives et réflexions pour une pratique responsable”

  1. Ce poste est juste incroyablement bien écrit. Je crois que je n’avais jamais été aussi frappée par l’alignement de tes mots, c’est juste incroyable et satisfaisant.
    Et comme toujours, tu nous offres un contenu aussi riche ! J’aurais aimé te connaître à mes tout débuts de pratiquante, car je pensais qu’il fallait être riche pour pouvoir posséder tout un tas de choses pour être sorcière.
    Et tout comme toi, je trouve une certaine fierté de prendre le temps de fabriquer, concevoir nous-mêmes nos outils et besoins pour la pratique.
    Merci à toi !

  2. J’avais commencé une initiation à la wicca pendant le grand confinement. Impossible alors de se faire livrer des pierres du bout du monde. J’avais dessiné les pierres et plantes que je ne trouvais pas sur place. ( Mais finalement je ne suis pas allée plus loin, je ne me suis pas reconnu dans l’initiation proposée)

  3. Bonjour, Je suis tout à fait d’accord avec vos propos. Il m’arrive souvent aussi de ramasser des pierres d’endroits qui me tiennent à coeur, souvent je ne les cherche même pas, elles se présentent sur mon chemin ^^ je trouve que ça a beaucoup plus de sens que d’acheter des cristaux en magasin, extrait de façon douteuse, source d’un désastre humain et écologique.
    J’espère que cet état d’esprit fera son bonhomme de chemin dans notre communauté 🙂

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